Gilbert Vogt

Gilbert Vogt – Regard du reporter

→ Gilbert Vogt – Photographe

Comme le photographe français Gilles Peress, Gilbert Vogt n’aime pas les catégories et les étiquettes. Il n’est pas « photographe de guerre », mais « photographie dans des zones qui vivent ou ont connu des conflits ». Il s’intéresse aux traces, aux gens et aux bouleversements que ces conflits génèrent, comme les déplacements de population et les traumatismes identitaires que cela implique. Ici comme ailleurs – toujours, c’est l’humain qui est au centre de son attention. Gilbert Vogt est avant tout au contact des gens ; il partage leur destin, le temps de rencontres qui ont été sa véritable « école ».
Comme il le dit : « On ne peut pas t’apprendre la relation humaine. » Il faut « s’enrichir de la différence, être à l’écoute de l’autre ». De ce point de vue, sa démarche illustre parfaitement l’affirmation de Susan Sontag selon laquelle « prendre une photo, c’est s’associer à la condition mortelle ». (Sur la photographie, 1973)
Quand on est sur ces terrains-là, quand on a vu ce dont Gilbert Vogt a été témoin, se posent inévitablement des questions déontologiques et politiques. Doit-on tout montrer ? Il pense que oui ! Mais il y a des expériences qui ne se communiquent pas : « Tu emmagasines beaucoup, mais tu gardes les choses en toi. Les gens s’offusquent de ce qu’on montre, mais s’ils savaient ce que l’on ne peut montrer à travers l’image. » Gilbert Vogt est un photographe engagé, il veut contribuer à une prise de conscience des réalités sociales et politiques de notre monde et de leur impact sur les populations : « La photographie est politique. Quand tu t’engages à montrer quelque chose de défavorable à la société, c’est politique. » Avec le flegme qui le caractérise, il confie cependant ses doutes sur le pouvoir des images et sur la nature parfois utopique de l’engagement… mais « quand tu es reporter, tu rapportes ».
Texte de Gilbert présentant ses images pour l’Artothèque Valais :
Les images présentées reflètent mon errance dans un monde contemporain, parfois tribal et parfois industriel, le point commun est l’homme, par sa présence ou par son absence. Le souhait qui émane de mon travail se résume à l’interrogation que l’image suscite, l’image comme genèse d’une vision, d’une histoire à créer ou comme un sentiment connu que l’on déterre et la clarté d’un mystère oublié surgit. Cette révélation, ce développement est le fruit du partage de ce que l’on voit au-dedans de soi et au-dehors, et à ce moment il y a quelque chose derrière la réalité de l’œil nu, quelque chose qui nous rend plus conscient de notre être. Le travail que je vous présente aujourd’hui n’est pas une série qui devrait constituer une histoire, mais des images qui constituent l’histoire, comme des collages ou les pièces d’un puzzle dont on ne connaît pas l’image finale, mais dont on soupçonne l’existence.

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